Pour la petite histoire, j’ai subi plusieurs opérations à la naissance qui malheureusement ont créé des d’adhérences intestinales. J’étais étroitement suivi sur le plan médical et c’est vers mes 12 ans que les médecins ont remarqué que j’avais des kystes. Deux ans plus tard, on me diagnostiquait une endométriose sévère…
Au vue de mon dossier médical, une opération était trop risquée. Je crois que c’est à cette période-là que ma mère m’a dit que j’aurais sans doute des difficultés pour avoir des enfants.
Déjà, mes antécédents gynécologiques et intestinaux laissaient présager que le chemin serait compliqué…
Bien entendu je ne pensais pas à la maternité à cet âge-là.
Le temps a passé et j’ai rencontré mon premier amour. Durant notre relation, mon gynécologue m’avait annoncé qu’une de mes trompes était bouchée. Après avoir fait un bilan de fertilité, le diagnostic était clair : si je voulais un jour avoir des enfants il me faudrait passer par une PMA. Quelque part j’y étais préparée, cela n’a pas été un grand choc.
C’est en 2018, l’année de mes 32 ans, que j’ai rencontré mon conjoint actuel. Dès le début de notre relation, je lui ai parlé de mes problèmes médicaux et je lui ai expliqué que si un jour nous voulions un enfant, il nous faudrait passer par une PMA. Il a très bien compris ma situation. J’ai vraiment de la chance d’avoir un mari qui a toujours répondu présent pour tous les examens médicaux, il n’a jamais rechigné à faire les spermogrammes et autre bilans de fertilité. Il m’a accompagné de A à Z à chaque étape de notre parcours. Il a été très empathique avec moi : il m’a soutenu à 300% !
Dès que nous avons été prêts pour nous lancer dans notre projet bébé, j’en ai parlé à mon gynéco. Du côté de mon compagnon tous les examens étaient normaux.
En février 2019 nous commencions notre parcours FIV en France. Ma première ponction a donné 5 ovocytes et trois jours plus tard nous avions 2 embryons. Malheureusement ils ont arrêté de se développer. Après ce premier échec, nous avons relancé un autre protocole de FIV. La ponction a donné 2 ovocytes mais nous n’avons obtenu aucun embryon. Quelques jours après, mon gynéco nous a dit que mes ovocytes étaient de mauvaise qualité. Nous avons quand même tenté une troisième FIV, mais là encore nous avons obtenu 1 seul embryon et le transfert s’est soldé par un négatif. Mon gynéco nous a annoncé que nous ne pouvions pas poursuivre notre parcours PMA sans faire une opération pour nettoyer toutes mes adhérences et diminuer mes lésions d’endométriose. Nous étions déçus, tristes, mais nous ne voulions rien lâcher.
J’avais perdu ma mère au mois de janvier. C’est peut-être elle, de là-haut, qui m’a donné la force d’avancer, de ne pas baisser les bras. Je me suis mise en mode guerrière, je voulais rebondir, poursuivre notre rêve d’avoir un enfant. Beaucoup de questions se bousculaient dans ma tête : peut-être devions-nous changer de gynécologue ? Même si cela signifiait tout recommencer, refaire des examens, reprendre des RDV, réexpliquer tous mes antécédents médicaux. C’est donc ensemble que nous avons décidé de trouver un autre praticien.
Nous sommes tombés sur une super gynécologue qui nous a de suite parlé du don d’ovocytes et de l’Espagne. Même si je souhaitais faire une dernière tentative avec mes propres ovocytes, elle nous a parlé clairement et nous a conseillé de ne pas perdre de temps. Ce n’est pas facile de faire le deuil de ses propres gamètes. Mon conjoint était confiant, nous en avons parlé et nous avons placé tous nos espoirs en l’Espagne.
Ma gynéco a vraiment été top : elle nous a fait toutes les ordonnances, a toujours été disponible pour les échographies, les examens.
Nous avons choisi la clinique Girexx de Gérone car nous avons un appartement à l’Escala, à 30 min de la clinique. Pour nous c’était important d’être proche de notre appartement et de faciliter nos déplacements. Dans un premier temps nous avons pris contact avec la clinique par mail. J’ai relancé toute une batterie d’examens et 10 jours après tout était fait : mon dossier était complet.
Notre premier RDV sur place a eu lieu en mai 2021. L’accompagnement de l’équipe Girexx n’a rien à voir avec le suivi en France. Nous avons trouvé le personnel médical très chaleureux, tout le monde est accueillant, aux petits soins avec nous. Lors de notre RDV, nous avons pu visiter les installations, rencontrer une gynécologue qui nous a prescrit des examens complémentaires. Elle nous a dit qu’avec mon dossier médical, il était possible que ça ne fonctionne pas du premier coup mais nous n’avions pas envie d’y penser. Nous n’envisagions pas un nouvel échec. Avec le recul, je pense que nous étions persuadés que ça fonctionnerait du premier coup puisque les ovocytes étaient ceux d’une donneuse. La vie en a décidé autrement …
L’équipe médicale a trouvé une donneuse et nous sommes retournés en Espagne. Après la ponction et la fécondation des ovocytes avec le sperme de mon mari, la clinique nous a contacté pour nous annoncer que nous avions 8 embryons qui s’étaient développés au stade blastocyste. Nous étions très heureux. Nous avons fait un transfert différé pour permettre à mon endomètre de se préparer correctement.
Le moment venu nous sommes partis pour le premier transfert d’un embryon (deux aurait été trop risqué pour moi). Ensuite les 12 jours d’attente ont été longs, nous étions très impatients et persuadés que nous aurions de suite un positif.
Le jour J, j’ai fait un test pipi qui était négatif. À ce moment-là nous avions la sensation de tomber du haut du troisième étage. Nous y croyions tellement !
Nous avons quand même décidé d’enchainer les transferts : 2ème transfert négatif, 3ème transfert négatif, 4éme transfert négatif, 5ème transfert négatif.
Au 5ème négatif le gynécologue Girexx nous a donné un traitement anti-rejet, mais malheureusement il s’est avéré négatif aussi.
Le 6ème embryon n’a pas pu être transféré car il n’a pas survécu à la dévitrification.
Lorsque le 6ème transfert à été négatif j’ai demandé à refaire un bilan avec un gynécologue. J’étais triste, en colère, désemparée aussi. Le médecin a décidé de faire d’autres examens encore plus poussés pour comprendre la raison de ces échecs. Une prise de sang a révélé qu’il existait une haute incompatibilité génétique entre la donneuse et moi. Il nous restait encore 1 embryon vitrifié, nous ne voulions pas en faire don à d’autres couples, nous ne pouvions pas le donner à la science, nous avons décidé de tenter ce dernier transfert même si nos chances étaient minces. Ce dernier transfert s’est également avéré négatif, nous étions au mois de juin 2022 et nous avons décidé de laisser passer l’été avant de poursuivre l’aventure. Nous avions besoin de souffler, de nous reposer physiquement, moralement …
Nous avons repris le chemin de la PMA en septembre. La clinique avait trouvé une donneuse et les examens complémentaires que nous avions faits avaient permis à l’équipe Girexx de sélectionner une donneuse compatible avec moi. La ponction a donné 4 embryons J5.
Le lendemain de mon anniversaire, le 26 septembre 2022, nous sommes partis pour le premier transfert. Le jour du test de grossesse tombait le jour d’anniversaire de mon mari. Et il a eu le plus beau des cadeaux ce jour-là : un beau positif ! On était les plus heureux, on n’y croyait pas, on l’a annoncé à la famille : c’était beau, tout le monde a pleuré.
Ensuite les prises de sang toutes les 48h ont commencé. Le taux était correct. Malheureusement, lors de l’écho des 8 semaines d’aménorrhée, il n’a avait toujours pas d’activité cardiaque et le 5 novembre j’ai fait une fausse couche. Dans mon malheur, j’ai eu la chance que tout se passe naturellement sans intervention médicale. J’étais dévastée, encore un échec, nous étions tristes et notre famille aussi, c’était un moment très compliqué, difficile à expliquer.
Mais mon mari et moi ne voulions pas rester sur un échec, il y avait eu une accroche alors c’était le signe que ça pouvait fonctionner.
Nous sommes repartis en décembre, le plus gros mois de travail de l’année pour moi, j’étais très occupée par mon job et je n’avais pas trop le temps de me reposer.
Ce deuxième transfert s’est avéré négatif. Nous avons laissé passer les fêtes.
Il nous restait 2 embryons vitrifiés, je me suis dit qu’il fallait vraiment que je mettre toutes les chances de mon côté…que nous ne pourrions pas continuer ainsi trop longtemps, qu’il nous faudrait faire le deuil de notre projet bébé si les 2 prochains transferts ne fonctionnaient pas.
C’est accompagnée de ma belle-mère que je suis partie pour Gérone faire le transfert du 3ème embryon : c’était le 9 février 2023. Quelques jours plus tard j’ai fait le test de grossesse qui était POSITIF ! Cette fois-ci, nous n’en avons pas parlé à nos proches (hormis belle maman), nous avions peur que ça ne tienne pas. Les sages-femmes du coin ont été adorables, j’ai pu faire des échos régulières. Notre petit embryon était bien accroché, son activité cardiaque était normale. Nous avancions prudemment mais surement et finalement tout s’est bien passé. J’ai eu une grossesse de rêve ! C’est vrai que j’ai eu quelques œdèmes, mais sinon tout allait très bien. J’ai même travaillé jusqu’à la veille de mon accouchement.
Aujourd’hui notre fille est là, elle a bientôt 4 mois. Le terme était prévu pour le 05 novembre et elle a décidé d’arriver le 04 novembre 2023. Il s’en passe des choses en un an ! Quand votre bébé miracle arrive, vous oubliez tout ce long parcours du combattant. Mon mari et moi avons mené une grande bataille pour arriver à la plus belle des réussites et si c’était à refaire nous recommencerions sans hésiter.
Aujourd’hui on se dit qu’on a traversé beaucoup d’épreuves physiques, émotionnelles, financières aussi : mais on est là, avec notre fille et on se sent plus forts.
On s’est prouvé qu’on pouvait dépasser tous ces obstacles, que notre amour était plus fort que toutes ces épreuves. Tous ces transferts, toutes ces piqures, tous ces examens, toutes ces échographies…. même si c’est très dur, nous sommes la preuve que ça peut marcher et qu’il ne faut rien lâcher !
Photo présente dans l'article : Fille de Mélina (environ 3 mois)
Témoignage : guerrière en PMA
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